Tuesday, August 3, 2010

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La Querelle : renaître de ses cendres

La Querelle : renaître de ses cendres
Reportages et entrevues
La Querelle : renaître de ses cendres
La Querelle : renaître de ses cendres
Julie Ledoux
24 juillet 2010

Issus de parcours ska et punk, les cinq membres de La Querelle travaillent de manière plutôt inusitée. À trois guitares dans un band à saveur post-rock, les néophytes du groupe peuvent bien se demander quel genre de pièces ressortira du lot. Comme nous le dévoilait Mathieu Lachapelle (voix et guitare) : « C’était louche! »

En jammant dans un hangar du quartier industriel, puis dans le bois à Mascouche, pour finir dans un champ à Chambly, les membres de La Querelle sont passés par toutes sortes de questionnements et de tracés différents. Mathieu, Jonathan (voix et guitare) et Pascal (basse) arrivaient d’un périple de dix ans avec Issue Sixteen qui les a un peu laissés sur une note amère : « On a travaillé fort avec ce band-là. On a fait des tournées en Europe. […] À Moscou, on a joué devant une salle de 2000 personnes! Ici, ça n’a jamais aussi bien marché. Dans la dernière tournée, y’avait comme un réseau de nazis qui nous suivaient et qui voulaient nous tuer… », se rappelle Mathieu. « Ça a été dur, y’avait plein de corruption policière en plus. Quand on est revenus, on était épuisés de tout ça. On était fatigués d’avoir mis tant d’énergie dans ce band-là… Dans le fond, sur le CD de La Querelle, la dernière toune, c’est un peu ça, « Montreal, Montreal » : l’idée de la fin de la tournée. »

“Sunday, bloody Sunday”… pourquoi pas?!

Tandis que Guillaume et Jean-Philippe terminent l’épopée de Seven Days Not A Week et que la fin d’Issue Sixteen laisse les trois premiers sur leur faim, un peu déçus, l’idée de recréer un band plane et la rencontre fait en sorte que les phénix ressuscitèrent de leurs cendres : « la première fois qu’on s’est rencontrés pour jouer, je leur ai dit « Ah, j’aimerais ça que ce soit U2! » […] U2 c’est un bon hybride entre des guitares hyper planantes et du rock ben mélodique. Je leur ai dit ça et je pense que ça [les] avait choqué un peu », se rappelle Mathieu. La Querelle était donc née, sous fond de confusion artistique : « Ben oui, la première fois qu’on jamme avec lui, y’avait un archet pour jouer de la guit’! On ne comprenait rien! », nous dit Guillaume, débouté.

Fierté + création = Toutes mes félicitations!

Dans le fond, La Querelle, « [c]’était une querelle de band (NDLR : la fin d’Issue Sixteen), mais c’est aussi une querelle face à la scène. Par exemple, la scène montréalaise qui est hyper trendy et super fermée, tandis que quand on est allés en Europe, ce n’était pas comme ça : on jouait avec des bands screamos et on était plutôt des punks gentils, mais le monde capotait quand même. » Si le nom du groupe est francophone – « une façon de s’associer au Québec sans dire tout le temps “on est fiers d’être Québécois” » -, les compositions demeurent résolument anglophones, avec un penchant pour les onomatopées et pour la liberté de création : « On compose juste en jams », affirme Guillaume. « On fait juste glander. On a chacun nos instruments, pis on gosse… puis on compose. Y’a personne qui arrive avec un riff », ajoute Mathieu.

G : Ben, c’est arrivé une couple de fois…

M : Ah ouin? C’était quoi?

G : Ben t’sais, sur la deux, le riff de shoegaze qui fait « ta-da-ta-da…»

M : C’est toi qui a fait ça?

G : Ouais!

M : Ben, félicitations!

Je reviendrai à Montréal…

L’enregistrement ne s’est pas fait sans peine. Tandis que leur preneur de son arrivait de Paris et repartait avec ses enregistrements pour travailler de l’autre côté de l’Atlantique, les gars rongeaient un peu leur frein en sol natal : « Quand t’as une notion artistique de ce que tu veux, tu n’as pas le choix de réagir ou d’intervenir. […] On était trop difficiles donc on lui a dit de laisser faire et on a fait le mix ici, nous-mêmes, avec Nicolas Dallaire. », nous lance Mathieu. Et qui d’autre? Oh! Simplement Ryan Morey au mastering. Un bonhomme qui a aussi travaillé sur le premier Arcade Fire, en plus d’avoir collaboré avec Malajube et autres Lhasa de Sela.

Et sans s’asseoir sur cette collaboration, les gars de La Querelle ont simplement décidé de booker eux-mêmes leur tournée éclair européenne, sans intermédiaire envahissant : « Un band, c’est pas juste des hippies qui grattent la guitare, c’est une business aussi. T’as vraiment l’impression que c’est ton projet et c’est mieux réussi, on dirait. Pas une business pour faire du cash, là! », affirme Mathieu. « Au bout du compte, t’as le contrôle absolu sur ce que tu fais. Si tu ne fais rien, tu n’auras rien. », conclut Jean-Philippe, empreint de sagesse.

Le lancement de l’album Welcome To My Battleship de La Querelle aura lieu le 7 août au Il Motore puis le groupe s’envolera pour une tournée express de deux semaines en Europe, passant par la France, la Pologne et l’Allemagne, entre autres.

myspace.com/laquerelle